Michel Shoucair
«Jâai pensĂ© devenir journaliste»
Câest avec chaleur et simplicitĂ© que Michel Schoucair nous a reçus, en pleins prĂ©paratifs de rĂ©ouverture du Crave Monnot, afin de nous parler de sa passion pour la gastronomie et ses nombreux projets. Aussi gĂ©nĂ©reux que ses assiettes et convivial que lâambiance de ses restaurants, le directeur gĂ©nĂ©ral, chef des opĂ©rations de dĂ©veloppement et cofondateur du Groupe Komida sâest prĂȘtĂ© au jeu des questions de Cuizâin.
Parlez-nous un peu de votre parcoursâŠ
DĂšs lâĂąge de 12 ans, je savais ce que je voulais faire. Jâai fait ma formation Ă lâEcole HĂŽteliĂšre de Glion, en Suisse, et commencĂ© ma carriĂšre dans des Ă©tablissements exigeants comme le “FourSeasons” ou le “Caesar Casino”, entre autres. Depuis, ma passion pour ce mĂ©tier ne sâest jamais Ă©moussĂ©e.
Dans votre travail, il y a une grande part de passion, mais il faut avoir aussi des qualitĂ©s dâentrepreneur. Comment arrivez-vous Ă mĂ©nager ces deux aspects?
Le rĂȘve et les idĂ©es se heurtent parfois Ă la rĂ©alitĂ© logistique. Mais jâai la chance de pouvoir agir en toute libertĂ© afin de mettre en Ćuvre mes idĂ©es.
Qui sont les personnes les plus importantes dans votre vie professionnelle?
Je suis toujours Ă lâĂ©coute de mes collaborateurs, malgrĂ© mes idĂ©es bien arrĂȘtĂ©es. Les critiques sont les bienvenues, mĂȘme si elles doivent faire leur chemin.
Quelles sont les qualités que vous recherchez principalement chez les autres?
La constance avant tout. Il est trĂšs important pour moi de maintenir la qualitĂ© de nos produits et de lâaccueil dans nos restaurants. Une implication totale aussi. Nos collaborateurs doivent agir comme sâil sâagissait de leur propre entreprise! Nos serveurs, par exemple, connaissent le menu et les produits sur le bout des doigts et conseillent en toute connaissance de cause notre clientĂšle.
Si vous n’aviez pas fait ce mĂ©tier, qu’auriez-vous aimĂ© devenir?
Jâadore ce que je fais, mĂȘme si jâai aussi pensĂ© devenir architecte ou journaliste. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, jâaime tout ce qui est concret et crĂ©atif.
Le concept du Crave est inspiré de la cÎte ouest canadienne. Comment exactement?
LâidĂ©e du Crave est basĂ©e sur la cuisine fusion, qui sâest dĂ©veloppĂ©e grĂące aux influences cosmopolites de lâAmĂ©rique du Nord. Au Canada, la culture asiatique cĂŽtoie la cuisine française ou italienne. Lâexotisme apporte de nouvelles saveurs trĂšs intĂ©ressantes et les possibilitĂ©s deviennent infinies. Câest un lieu propice Ă la crĂ©ativitĂ©. De cette rĂ©gion du monde, jâai retenu lâidĂ©e que les assiettes doivent ĂȘtre gĂ©nĂ©reuses! On doit pouvoir trĂšs bien manger et faire des dĂ©couvertes dans une ambiance conviviale, sans pour autant dĂ©penser une fortuneâŠ
Parlez-nous de votre chef. Comment lâavez-vous choisi? Dans quelle mesure influencez-vous son travail?
Avant de trouver le bon, jâai testĂ© beaucoup de chefs. Je suis trĂšs impliquĂ© en cuisine. Il fallait donc quâil soit capable de comprendre ce que je voulais et faire preuve de crĂ©ativitĂ©! Aucun plat ne figure sur le menu sans que je ne lâaie goĂ»tĂ©, testĂ©, modifiĂ© maintes fois, jusqu’Ă obtenir le rĂ©sultat que je recherche. De plus, je mets un point dâhonneur Ă choisir les meilleurs produits et sur ce point, je ne transige pas.
Le resto Wrapsody est un concept nouveau, qui propose des saveurs internationales. Un projet qui vous tenait Ă cĆur depuis longtemps?
On a pour slogan la “symphonie de saveurs”. Jâavais envie dâoffrir une alternative aux sandwich, mankoucheh et compagnie, mĂȘme si jâaime beaucoup ça. Le wrap, dont le pain est prĂ©parĂ© dans nos cuisines, sert de support et de prĂ©texte pour dĂ©couvrir des saveurs internationales dans une atmosphĂšre jeune et dĂ©contractĂ©e. Nous avons des wraps dâinspiration asiatique, russe, française… Nous avons mĂȘme pensĂ© les dĂ©tails du packaging et du dĂ©cor, toujours avec le mĂȘme souci de qualitĂ© et Ă des prix trĂšs raisonnables. Un voyage de saveurs, Ă moindre coĂ»t.
Les nouveaux restaurants pullulent Ă Beyrouth ; parfois ils ouvrent aussi vite quâils ferment. Quel est le mot dâordre pour fidĂ©liser votre clientĂšle?
Comme je le disais, la constance, la qualitĂ© et lâaccueil, dans toutes les branches. La crĂ©ativitĂ© aussi, car il faut savoir Ă©voluer et se rĂ©inventer afin de ne pas lasser.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans lâaventure?
Si vous ĂȘtes vraiment passionnĂ©s, alors, «lancez-vous!» Pour moi, ce fut une expĂ©rience extraordinaire. Câest un mĂ©tier exigeant et difficile, câest vrai, mais mieux vaut avoir des remords que des regrets. Et jâajouterai: «Nâimitez pas, innovez.» Au piĂšge de copier ce qui a lâair de marcher, il est prĂ©fĂ©rable dâapporter sa touche personnelle et des idĂ©es innovantes.
Quel est le plus beau compliment que lâon peut vous faire sur votre travail?
Que câĂ©tait bon, bien sĂ»r! (Rires.) Mais, plus spĂ©cifiquement, jâaime entendre que câĂ©tait une expĂ©rience diffĂ©rente. LĂ , je sens que jâai su ĂȘtre novateur.
Quel est votre principal trait de caractĂšre?
Mon énergie et ma générosité. Je me donne complÚtement à mon travail.
Et votre plus grand défaut?
Mon impatience. Je suis trĂšs exigeant et il faut que cela aille vite! On doit me suivreâŠ
Votre boisson préférée?
La vodka, avec du soda, par exemple. Câest mon poison. (Rires.) Le cafĂ© amĂ©ricain, une habitude qui me reste de mes annĂ©es au Canada. En dehors du fait que cela rĂ©veille, jây trouve un certain rĂ©confort.
Votre plat préféré?
Le kebbĂ©, en particulier Ă©talĂ© dans un plat au four. Celui de ma mĂšre est dĂ©licieux. Un souvenir dâenfance, sans doute.
La cuisine libanaise est rĂ©putĂ©e et trĂšs apprĂ©ciĂ©e dans le monde. Quâest-ce qui fait sa force, dâaprĂšs vous?
Sa gĂ©nĂ©rositĂ©. Elle est variĂ©e, Ă©quilibrĂ©e et abondante. Au Liban, on sait accommoder viandes et lĂ©gumes dans une grande variĂ©tĂ© de recettes. On prend aussi le temps dâapprĂ©cier la convivialitĂ© de ces moments autour de la table.
Votre plus belle expérience gastronomique?
Le millefeuille au homard du chef Philippe Legendre au Georges V. Jâen garde un souvenir impĂ©rissable!
Votre destination culinaire préférée?
Je nâaime pas lâidĂ©e de me limiter Ă une seule alternative! Mais si je devais nâen choisir quâune, ce serait Vancouver, pour son ouverture sur le monde et son brassage de cultures. On y trouve notamment de trĂšs bons fruits de mer.
Dans votre cave, on trouve toujoursâŠ
Du vinho verde, un vin portugais que jâai dĂ©couvert rĂ©cemment. Des vins du Nouveau Monde aussi. Lâaustralien, par exemple, que je trouve trĂšs agrĂ©able et convivial.
Et dans votre rĂ©frigĂ©rateurâŠ
IdĂ©alement, jâaimerais y trouver des pĂątisseries. Jâadore le sucrĂ©. En rĂ©alitĂ©, Ă cause â ou grĂące â Ă mon mĂ©tier, jâai rarement lâoccasion de manger chez moi.
Quel aliment ne mettrez-vous jamais en bouche?
En dehors des insectes, je suis ouvert Ă toute expĂ©rience culinaireâŠ
Stéphanie Droit
Photos © Cuizâin / D.R.
“Ma” recette facile, rapide et savoureuse
Marinade au bourbon pour barbecue
– 1 tasse de ketchup ou sauce BBQ Hickory
– 1/4 de tasse de bourbon
– 1/4 de tasse de miel ou de mĂ©lasse
– 1/4 de tasse de vinaigre de cidre
–Â 1 c. Ă s. de jus de citron
– 1 c. Ă s. de sauce Worcestershire
– 1 c. Ă c. de sauce soja
– 1/2 c. Ă c. de poivre noir du moulin
– 1/2 c. Ă c. de poudre de moutarde
– 1/2 c. Ă c. de moutarde Ă lâancienne
– 1 gousse dâail hachĂ©
1. Dans une casserole, mélangez tous les ingrédients. Portez à ébullition et laissez cuire à feu doux environ 10 mn.
2. Laissez refroidir, puis ajoutez les morceaux de viande (poulet ou bĆuf). Faites mariner toute la nuit.
3. Grillez la viande marinée au barbecue.