Coqueluche de la restauration anglaise, le Chef Olivier Dabbous, 31 ans, mĂ©connu hier des critiques et des hautes sphĂšres de la gastronomie, a su conquĂ©rir en une lancĂ©e les papilles gustatives les plus raffinĂ©es (Ìoh! So britishË), mais surtout, rafler Ă©loges, trophĂ©es et, au passage, une Ă©toile Michelin. ÌDabbousË, logĂ©e au 39, WhitfieldStreetde la grouillante capitale anglaise, rencontre un succĂšs fulgurant auprĂšs des aficionados de la bonne chĂšre. Lâenseigne est aujourdâhui tellement in que Jay Rayner (Observer) le dĂ©crit ainsi: «So hot quâon peut frire un Ćuf sur sa rĂ©putation.»
Olivier Dabbous, alias Ollie, est nĂ© au KoweĂŻt dâun pĂšre franco-italien, architecte de mĂ©tier. Ollie quitte Ă lâadolescence son pays de naissance, pour aller vivre Ă Guilford, en Angleterre, accompagnĂ© de son frĂšre et de sa mĂšre. En Grande-Bretagne, la famille souhaite offrir une meilleure scolarisation aux enfants, alors que le pĂšre conserve son poste au Moyen-Orient. La famille se rĂ©unit souvent durant les vacances. Pendant son enfance, le jeune homme nâa rien connu dâexceptionnel en matiĂšre de cuisine. Pas de souvenirs gustatifs qui demeurent, ni dâimages de petit garçon assis sur les genoux de sa mĂšre Ă©grenant des petits pois. Niet. «Câest juste pour crĂ©er la petite histoire. Chez moi, on se nourrissait car il le fallait, par besoin, pour se ressourcer. Sans plus», affirme le Chef. A lâĂąge de 15 ans, intĂ©ressĂ© par la cuisine, le jeune Dabbous passe un mois Ă Florence, bossant dans une trattoria. Câest ici que se dĂ©clenche son amour pour le mĂ©tier. «CâĂ©tait le produit et, surtout, son accessibilitĂ©.» Suite Ă cette expĂ©rience, il dĂ©cide de devenir cuisinier et dâenvoyer des lettres ça et lĂ pour se faire engager. A 16 ans, grĂące aux relations de son pĂšre, il dĂ©croche un poste Ă Paris, auprĂšs du Chef ter-Ă©toilĂ© Michelin Guy Savoy. «Ils mâont placĂ© au sous-sol Ă prĂ©parer girolles et artichauts, 12 h par jour. CâĂ©tait terrible, mais câest ainsi que vous avancez.»
Chef sans répit
Olivier Dabbous a Ă©tĂ© le chef exĂ©cutif du ÌTextureË, un restaurant bar Ă champagne branchĂ© ayant ouvert en septembre 2007 sur Portman Square et qui, rien quâen un mois dâopĂ©ration, a recouvert tout son investissement! Le restaurant ÌTextureË a Ă©tĂ© classĂ© quatre Ă©toiles par le critique Fay Maschler dans le Evening Standard, mais surtout, il a obtenu une Ă©toile Michelin aprĂšs seulement deux ans dâopĂ©ration. Ollie poursuit sa carriĂšre en tant que commis chez Raymond Blanc, au ÌManoir aux Quatâ SaisonsË, oĂč il prend part pendant quatre ans Ă toutes les activitĂ©s de la cuisine. En quittant les lieux, il est dĂ©jĂ promu chef senior. Cette Ă©tape aura Ă©tĂ© trĂšs dĂ©terminante pour sa carriĂšre. Aujourdâhui encore, il Ă©voque avec passion son apprentissage auprĂšs de Raymond Blanc qui, en somme, est sa grande rĂ©fĂ©rence et sa source dâinspiration. Il va ensuite Ćuvrer comme sous-chef Ă lâ ÌHibiscusË, auprĂšs de Claude Bosi. Il est utile de signaler que pour ces deux Ă©tablissements, le jeune pro crĂ©e des plats qui figurent sur leurs menus respectifs. AprĂšs la France, son goĂ»t de nouveautĂ© le mĂšne Ă San SĂ©bastian, oĂč il sâinstalle pour travailler sous lâaile dâAndoni Luis Aduriz, au cĂ©lĂšbre ÌMugaritzË, votĂ© numĂ©ro 3 dans le classement des Ì50 Meilleurs restaurants du mondeË (et interviewĂ© dans le numĂ©ro 4 de Cuizâin). A peine six mois sâĂ©coulent quâon lui offre un poste dĂ©cisif, mais surtout dâexploration de la cuisine-labo. Dâailleurs, il deviendra chef exĂ©cutif dans plusieurs ramifications de lâĂ©tablissement. De retour Ă Londres, Ollie opĂšre un bref passage au Cuckoo Club. Une expĂ©rience qui lui permet de comprendre lâaspect opĂ©rationnel et grouillant du night-club. Il y rencontrera aussi le barman et mixeur de saveurs suĂ©dois Oskar Kinberg, aujourdâhui son associĂ© au ÌDabbousË. Pour nâen citer que quelques-uns, Ollie a effectuĂ© des stages pĂ©riodiques aux plus famous tables in and out town: ÌFat DuckË Ă Bray, ÌPierre GagnaireË et ÌAstranceË Ă Paris, ÌNomaË Ă Copenhague, Umu Ă LondresâŠ
Enseigne notoire very british
Ayant ouvert sa table Ă©ponyme en janvier 2012, Ollie reçoit trĂšs vite les Ă©loges des notoriĂ©tĂ©s culinaires londoniennes, ainsi que des critiques trĂšs Ìhard to pleaseË. Un article rĂ©digĂ© au troisiĂšme jour dâouverture par lâexigeante Fay Maschler lui dĂ©cerne un rarissime quatre Ă©toiles dans son classement. Pour la critique, il est un sacrĂ© «game changer.» VoilĂ qui le projette sous les projecteurs! Dâailleurs, depuis son ouverture, trouver une table au ÌDabbousË revient Ă gagner le Ìlucky numberË. Actuellement, les tables sây rĂ©servent pour lâannĂ©e prochaine. Le dĂ©cor nây est pas Ă©tincelant par rapport au «palace gastronomique» dont parlent les critiques. Les lieux affichent un dĂ©cor trĂšs industriel chic. On y a simplement verni les planchers originaux de bĂ©ton. Les murs ont Ă©tĂ© dotĂ©s de lourds Ă©crans en mĂ©tal qui cohabitent avec de grandes cages oĂč sont logĂ©s sacs et manteaux. Pas de nappes sur les tables, ce qui donne aux lieux un air minimaliste, cool. Un peu rigide, mais efficace. En somme, le restaurant a une allure archi-fonctionnelle. Lâeffet de chaleur vient curieusement des vitres givrĂ©es qui cachent la cuisine et beaucoup de charme Ă©mane de la luminositĂ© extĂ©rieure, qui tranche sur lâaspect hard de lâindustriel froid.
The most wanted chef in Britain
Le menu du ÌDabbousË est moderniste. Il enfourche cuisine classique et gastronomie molĂ©culaire. Les chefs-dâĆuvre dâOllie sont des plats taille ââtapasââ qui combinent des saveurs Ă©tonnantes, mais vĂ©hiculent une Ă©lĂ©gante simplicitĂ©. «Je crois en la simplicitĂ© restreinte et Ă la nettetĂ©. Je veux un plat qui ait un effet monstre, mais qui semble prĂ©parĂ© sans effort. Je ne veux pas quâil ait lâaspect dâune cuisine de grand chef», dit Ollie. The cook avait connu, Ă ses dĂ©buts, beaucoup de succĂšs en prĂ©parant une poitrine de canard sous vide, poĂȘlĂ©e et servie avec des coings pochĂ©s dans du vin et du miel. Aujourdâhui, les desserts quâil sert au ââDabbousââ sont dĂ©licieux, mais minimalistes Ă souhait, puisque sa cuisine est basĂ©e sur lâintensitĂ© de la saveur, de la couleur et de la qualitĂ©. Sans un iota de plus. JugĂ© «The most wanted chef in Britain»par The Guardian, Ollie Dabbous a emportĂ© le Breakthrough Chef Award remis Ă lâinauguration des Food and Travel Awards, ainsi que moult trophĂ©es, Best Kitchen aux Tatler Restaurant Awards 2012 ou encore le BMW Square Meal Best New RestaurantâŠBourrĂ© de charme, le regard espiĂšgle et chargĂ© dâhumour, lâhomme derriĂšre la toque a fait la couverture du magazine Restaurant. Voyez-vous, il fait partie intĂ©grante dâun groupe de jeunes chefs modelant lâavenir de la restauration mondiale. Câest certainement pour toutes ces raisons, mais surtout pour la qualitĂ© crĂ©ative de sa cuisine, quâOlivier Dabbous a raflĂ©, quelques mois aprĂšs lâouverture du resto, sa premiĂšre Ă©toile Michelin. En octobre 2012. Une success story qui tourne et valse au rythme pivotant du Londonâs Eye. Olivier, de son nom Dabbous, sâimpose of course. Comme lâadresse Ă visiter lors de votre prochaine escale in Britain. Lovely. Yes, indeed! De Londres, Randa Ghossoub
Salade de fenouil aux pétales de roses marinés et citronnelle
Pour 4 personnes l Préparation NC
– 2 cĆurs de fenouil
– 2 cĆurs de jeunes laitues
– 1/2 botte dâaneth
– 1/2 botte de citronnelle
– 1/2 botte de menthe
– 4 c. de chapelure de pain       Â
Pour lâassaisonnement:
– 100 g de yaourt de lait de mouton
– 100 g dâhuile dâolive fruitĂ©e
– 1 citron (zeste et jus)
– 20 g de vinaigre de Chardonnay
– 1/2 botte de citronnelle
– 1/2 botte de menthe
– 1 g de sel
Pour les pétales de roses marinés:
– 200 g dâeau
– 100 g dâeau de rose
– 50 g de grenadine
– 60 g de sucre
– 40 g de vinaigre de Chardonnay
– 20 g de jus de citron
– PincĂ©e de sel
– 1 rose rouge, pĂ©tales sĂ©parĂ©s
1. Commencez par lâassaisonnement. MĂ©langez tous les ingrĂ©dients jusquâĂ onctuositĂ©. Conservez au rĂ©frigĂ©rateur.
2. PrĂ©parez la marinade des pĂ©tales de rose. Placez tous les ingrĂ©dients (sauf la rose) dans une poĂȘle et portez Ă Ă©bullition. Remuez doucement pour dissoudre le sucre, puis dĂ©placez du feu.
3. Versez dans une casserole de lâeau, puis portez Ă Ă©bullition. Jetez-y les pĂ©tales de rose et baissez le feu jusqu’Ă frĂ©missement, pendant 5 mn. Ecumez les pĂ©tales avec une large cuillĂšre Ă fentes, puis transfĂ©rez-les dans la liqueur Ă mariner encore tiĂšde. Laissez les pĂ©tales toute la nuit baigner dans leur marinade au rĂ©frigĂ©rateur.
4. Terminez par lâassemblage. Coupez les tiges et placez les petites feuilles de laitue dans un bol. Hachez finement le fenouil Ă lâaide dâune mandoline ou tranchez-le aussi finement que possible. Ajoutez-le aux belles feuilles de laitue.
5. Assaisonnez avec la sauce à base de yaourt. Mélangez le tout avec les herbes ainsi que la chapelure grillée. Enfin, parsemez le plat des pétales de roses marinés et servez.
ââLes pĂ©tales doivent rester dans lâeau frĂ©missante le temps de perdre leur amertume, devenir tendres sans se dĂ©sintĂ©grer et prĂ©senter un aspect subtilement mouchetĂ©.ââ
Coquilles Saint-Jacques et artichauts grillés à la mayonnaise
Pour 4 personnes l Préparation NC
Pour les artichauts:
– 2 grands artichauts
– 50 g dâhuile de colza extra-vierge
– 15 g de vinaigre de Chardonnay
– Sel de table fin
Pour la mayonnaise:
– 2 jaunes dâĆufs organiques
– 10 g dâeau
– 5 g de moutarde de Dijon
– 10 g de jus de citron
– 5 g de vinaigre de Chardonnay
– 3 g de sel
– 1 g de sucre
– 100 g dâhuile vĂ©gĂ©tale
– 150 g dâhuile de colza extra-vierge
Pour la purée fumée:
– 200 g dâeau
– 250 g de farine de blĂ© entier
– 2 g de sel
– 40 g dâencre de seiche
– 180 g de poudre noire (salpĂȘtre,charbon, sulfure)
– 250 g de beurre fumĂ©
– 250 g dâeau
Pour les coquilles St-Jacques (ou pétoncles):
– 4 extra-grandes coquilles Saint-Jacques
– 50 g dâhuile dâolive
– 1/2 citron
– Sel de table fin
– Sel de GuĂ©rande
– 4 pousses de romarin meurtries (Ă©crasĂ©es)
Pour la garniture:
-Quelques pousses dâoseille
1. Commencez par griller les artichauts au four 30 mn Ă 180°C ou jusquâĂ ce quâils sâattendrissent. Laissez reposer pendant 30 mn, puis dĂ©coupez en tranches.
2. Assaisonnez de vinaigre, dâhuile et de sel. RĂ©servez dans la tiĂ©deur.
3. Passez Ă la mayonnaise. Placez les 7 premiers ingrĂ©dients dans un bol et mĂ©langez au mixeur. Rajoutez lâhuile graduellement et mixez jusquâĂ homogĂ©nĂ©itĂ©.
4. PrĂ©parez la purĂ©e fumĂ©e. Battez dâabord lâeau avec lâencre de seiche, puis la farine et le sel. Avec la pĂąte, dessinez sur des feuilles de papier cuisson des lignes symĂ©triques. Laissez cuire Ă 180°C jusquâĂ croustillance.
5. Laissez refroidir, puis mĂ©langez Ă la poudre noire. TransfĂ©rez dans un bol et mixez avec lâeau et le beurre jusquâĂ obtention dâune purĂ©e fine.
6. Chauffez une poĂȘle (sans laisser fumer). Ajoutez lâhuile,salez les coquilles Saint-Jacques, puis faites-les dorer dâun cĂŽtĂ©.
7. Enlevez les coquilles de la poĂȘle et dĂ©glacez avec le jus de citron. Roulez les coquilles dans ce jus pour achever leur cuisson. Enduisez de romarin Ă©crasĂ© et assaisonnez leur cĂŽtĂ© colorĂ© juste avant de servir dâune pincĂ©e de sel de GuĂ©rande.
8. Ecrabouillez un peu de purĂ©e fumĂ©e au milieu de lâassiette. Ajoutez des couches dâartichauts, puis la coquille Saint-Jacques. Glissez une cuillerĂ©e de mayonnaise entre les deux. Garnissez de quelques pousses dâoseille.